L'enluminure est une technique très complexe tant au niveau de l'application que des recettes : on peut la réaliser de très nombreuses façons, car ses liants et ses adjuvants sont nombreux et divers, selon que l'on utilise le blanc ou le jaune.
D'un point de vue technique, l'enluminure ressemble à l'aquarelle, le blanc d’œuf en plus : c'est la technique de la transparence et de la luminosité colorée par excellence, plus naturellement que l'aquarelle, car ici ce n'est pas la dilution qui rends la peinture moins opaque, mais bien le clair d’œuf qui porte bien son nom "clair", mais aussi "transparent" comme l'albumine du blanc d’œuf, et grâce à elle l'enluminure est la technique naturelle la plus résistante qui soit, tout le contraire de l'aquarelle, malheureusement sa solidité est aussi son plus grand défaut, elle est cassante et c'est pour cela qu'il faut ajouter de la gomme de fruitier et de la colle animale pour la plastifier, voila pourquoi on nomme l'enluminure, "détrempe", car c'est un mélange de protéines animales naturelles et c'est ce qui caractérise les détrempes comme la caséine et les colles. Le jaune d’œuf est encore plus résistant et tenace, de plus il est insoluble aussitôt sec.
L'ENLUMINURE : PARTIE TECHNIQUE
L'enluminure n'utilise pas la lumière du fond, mais des matières colorantes pures, rehaussées de blanc. Dans la pratique, la peinture au blanc d’œuf et l'enluminure, peuvent se décomposer en minimum 3 couches et 4 prérequis techniques très importants :
1. la première couche est l'assise : on applique la peinture pour mettre en place une valeur colorée que l'on veut obtenir plus tard, en plus fort et en plus lumineux, mais on installe aussi une porosité : il faut peindre par touches, afin de créer "d'infimes pics d'accroche", "des bardes" comme en gravure, pour les couches futures : c'est surtout valable sur support peu absorbant et sur papier satiné, qui n'est d'ailleurs pas fait pour l'enluminure, mais pour l'aquarelle, les encres et les peintures sans épaisseur : il faut choisir plutôt un papier qui possède une certaine irrégularité pour recevoir les 3 couches de peinture de l'enluminure afin d'installer une bonne stratigraphie comme le grain fin ou le grain doux.
2. la seconde couche est la valeur et la couleur finale, car la première couche est souvent trop transparente pour réussir à donner un ton plein du premier coup
3. la troisième étape : ce sont les rehauts de blanc et la mise en place des ombres, si on ne les a pas placé en premier, ainsi que les tons locaux si d'aventure les 2 premières couches étaient trop fines.
4. La chose à faire à la couche finale et non des moindres, c'est le brunissage au travers d'une toile extra fine, de la peinture appliquée, laissée à sécher quelques heures avant de passer une agate ou une dent de mammifère, afin de donner de la cohésion aux couches de peintures.
LIANT À ENLUMINURE N°1
Pour faire un vrai liant à enluminure comme au Moyen-Âge, il faut mélanger
-
blanc d'œuf frais ou de jaune d'œuf frais préparé comme convenu (voir plus bas pour le
blanc)
- gomme d'arbre fruitier à l'eau camphrée
- colle de parchemin ou de colle Saliansky à l'eau camphrée
- conservateur = essence de cajeput ou d'orange à moins d'utiliser le liant dans les 72 heures : Le Culminal® fait office de conservateur voir mes articles divers sur mon livre 4 et sur Facebook
LA PEINTURE AU BLANC D’ŒUF ET LA MOUSSE
La peinture au blanc d’œuf est celle qui mousse le plus de toutes les
techniques aqueuses avec la caséine ; et si la peinture contient des bulles, le film de peinture aura un aspect mousseux une fois sec ; la solution :
ajoutez un peu de cérumen ou d'antimoussant moderne, -du Polydiméthylsiloxane dit PDMS ou diméthicone- dans le godet en mélangeant doucement avec la peinture jusqu'à disparition de la
mousse.
PALETTE DE BASE POUR PEINDRE À L'ENLUMINURE
1. Blanc nacré (titane + étain + nacre)
2. Sophora
3. genêt
4. solidage au titane
5. gomme-gutte
6. ocre pâle
7. grenade
8. trèfle blanc
9. potentille
10. bleu outremer
11. bleu de cobalt
12. bleu céruléum véritable
13. violet outremer
14. ocre rouge de Madras ou d'Ormuz pour leur pouvoir de coloration phénoménal
15. rouge de cérium que j'ai ôté ensuite, car il n'est pas beau au blanc d’œuf , je l'ai remplacé par du rouge de zirconium lavé à l'eau pour ôter la partie blanchâtre
16. garance
17. ocre rouge d'Andalousie
18. orange Irgazine.
19. cochenille violette
20. pourpre de cochenille
21. gaude + trémière = vert.
22. malachite
23. terre d'ombre verdâtre
24. terre d'ombre de Chypre brûlée
25. noir de spinelle.
26. noir végétal N°3
Pigments sous forme de pâtes pigmentaires déjà broyés à l'eau en amont, en
pots et en tubes.
LA PRÉPARATION DE LA PEINTURE POUR PEINDRE À L’ŒUF
Mélanger 0,5 gramme de pigment avec 1,5 grammes de liant N°1 pour enluminure au blanc d’œuf ou au jaune d’œuf selon que l'on désire un film opaque ou transparent, surtout n'oubliez pas les 14% de gomme et les 14% de colle animale et le Culminal, si vous souhaité conserver vos peintures très longtemps.
COMPOSITION DES ENLUMINURES AVEC TEXTES
Il s'agit des emplacements où mettre tous les éléments de l'enluminure, en commençant par les réglures, ces lignes qui ponctuent les différents textes et lettrines en laissant la place aux enluminures et autres parties imagées et pour cela je vous conseille de lire l'article très complet de D. Muzerelle, "Formule de réglure" que vous trouverez sur internet en, il explique toutes les clés de la composition des enluminures grâce aux réglures.
Dans la pratique vous pouvez faire un équerrage avec un point fixe en haut à droite, en plaçant à la verticale un clou en fer et des cordeaux sur une planche de bois, sur laquelle vous placerez tous vos folios, vous pourrez mettre votre texte aux mêmes endroits sur toutes les pages grâce à un cordeau et à une pointe sèche ou 1 crayon en 4H.
LA PRÉPARATION DU BLANC D’ŒUF
LA PRÉPARATION DES PEINTURES ET LES différentes APPLICATIONS DES PEINTURES A L’ŒUF
Écrire commentaire